L'instabilité des systèmes d'information

Conseils pour une meilleure stabilité

L'instabilité des systèmes d'information : Conseils pour une meilleure stabilité

 

L'instabilité des systèmes d'information au sein d'une organisation est une problématique souvent sous-estimée, alors même qu'elle peut avoir des répercussions majeures sur la performance globale.

Lorsqu'un système est construit trop rapidement, sans méthode éprouvée, ou par des équipes peu formées aux bonnes pratiques, les risques d'instabilité et de dysfonctionnements s'accumulent.

L'entreprise se retrouve alors avec des plateformes fragiles, difficiles à maintenir, et qui génèrent des coûts supplémentaires au fil du temps.

 

Cette situation résulte de plusieurs facteurs. d'une part, la mise en œuvre précipitée de solutions techniques sous pression, sans une vision d'architecture d'entreprise solide, conduit à des infrastructures complexes, mal documentées et peu évolutives. 

D'autre part, la gestion des correctifs se fait souvent dans l'urgence, sans méthodologie adaptée, ce qui aggrave l'instabilité au lieu de l'atténuer. 

La culture du "vite fait" au sein de la direction des systèmes d'information (DSI), et la perception erronée selon laquelle cette DSI ne serait qu'une simple fonction de support, renforcent ces mauvaises pratiques. 

Pour éviter de se retrouver dans une situation où chaque évolution du système devient un casse-tête, il est essentiel de repenser l'architecture d'entreprise et l'organisation qui l'entoure.

 

L'instabilité des systèmes d'information face à une approche précipitée

Quand un système est construit dans l'urgence, la qualité des travaux est rarement au rendez-vous. 

Les équipes, pressées par des délais irréalistes, mettent en place des solutions techniques sans prendre le temps d'en analyser la cohérence globale. 

L'architecture d'entreprise, censée guider l'orientation technologique, la structure des données, l'urbanisation des applications et l'organisation des flux, devient un élément secondaire, voire négligé. 

Cette approche trop rapide amène à des choix contradictoires, des redondances de composants et des incompatibilités entre outils.

Sans une vision d'ensemble, chaque ajout technique peut transformer l'infrastructure en véritable patchwork, où chaque nouvelle brique vient s'imbriquer tant bien que mal dans un édifice déjà fragile. 

Le résultat est un système qui tient en équilibre précaire, prêt à s'effondrer au moindre changement un peu trop important. 

Cette instabilité peut se manifester par des interruptions de service fréquentes, des performances dégradées, des difficultés à ajouter de nouvelles fonctionnalités, et un coût de maintenance qui explose.

 

Le manque de maturité méthodologique, associé à une priorité donnée aux livraisons rapides plutôt qu'à la fiabilité, engendre une spirale négative. 

Moins le temps est consacré à réfléchir aux choix techniques, plus on génère d'éléments instables. 

Plus il y a d'éléments instables, plus la maintenance devient compliquée et chronophage, ce qui réduit encore le temps disponible pour apporter des améliorations ou refondre proprement certaines parties du système. 

Ainsi, l'entreprise s'enfonce progressivement dans un contexte informatique friable, qui freine toute évolution stratégique.

 

L'impact d'une mauvaise gestion des correctifs

Aux dysfonctionnements initiaux s'ajoutent les problèmes de maintenance. 

Dans de nombreuses organisations, la gestion des correctifs se limite à éteindre des incendies : les équipes techniques interviennent dans l'urgence, appliquent des "rustines" temporaires et passent rapidement à autre chose. 

La cause profonde des anomalies reste souvent ignorée, ou du moins non résolue en profondeur. 

Cette mauvaise organisation des correctifs crée un cercle vicieux : chaque nouvelle correction appliquée dans la précipitation risque de générer de nouveaux dysfonctionnements ou d'introduire d'autres vulnérabilités.

 

Ceci est d'autant plus problématique que les systèmes d'information sont de plus en plus interconnectés. 

Une application défaillante peut affecter une autre, provoquer des incohérences de données ou rendre certains processus métiers inopérants. 

Les correctifs rapides, sans analyse complète, agissent comme des pansements sur une plaie infectée : ils masquent temporairement le problème, mais ne le soignent pas. avec le temps, ces mesures superficielles s'accumulent, formant un ensemble hétéroclite de modifications ad hoc, difficiles à retracer, à documenter ou à comprendre.

 

Pour sortir de cette impasse, il est indispensable d'adopter une démarche plus méthodique. 

Cela implique de prioriser la qualité du code, la cohérence des composants, la documentation précise des interventions, ainsi que la mise en place de tests automatisés. 

Une véritable gestion des correctifs implique de comprendre l'origine des anomalies, de corriger les causes et non seulement les symptômes, et de le faire dans le cadre d'une architecture lisible, cohérente et maintenable.

 

La culture du vite fait et ses conséquences

La cause profonde de ce marasme réside souvent dans la culture même de l'organisation. 

La culture du "vite fait" incite les équipes informatiques à privilégier la rapidité d'exécution au détriment de la solidité des solutions. 

On célèbre les résultats obtenus dans l'urgence, on applaudit l'équipe qui a su mettre en place une solution "suffisante" en un temps record, sans se soucier de la dette technique ainsi accumulée. 

Ce mode de fonctionnement est renforcé par des indicateurs de performance centrés sur la vitesse et le volume, plutôt que sur la robustesse ou la maintenabilité.

A terme, cette approche se retourne contre l'organisation. 

La dette technique ne cesse d'augmenter. le temps gagné au début se paie plus tard, et de façon démultipliée, lorsqu'il devient impossible de faire évoluer le système sans tout casser. 

La fiabilité globale diminue, et les utilisateurs finaux doivent composer avec des interruptions, des temps de réponse longs, des anomalies récurrentes. 

Cette situation crée un climat de frustration, non seulement pour les utilisateurs, mais aussi pour les équipes informatiques elles-mêmes, qui s'épuisent à gérer des problèmes sans fin au lieu de construire des solutions pérennes.

 

La culture du vite fait, si elle n'est pas remise en question, aboutit à un cercle vicieux. 

Plus on maintient des systèmes fragiles, plus on s'habitue à l'instabilité, et moins l'idée même de concevoir une architecture solide paraît réalisable. 

Il est donc impératif de reconnaître l'impact néfaste de cette approche et de faire évoluer la mentalité collective vers plus de rigueur, de méthode et de clairvoyance.

 

Une DSI au-delà d'une simple fonction de support

La direction des systèmes d'information n'est pas qu'un rouage de l'organisation, cantonné à fournir des outils informatiques. 

Elle a un rôle stratégique, celui d'accompagner la transformation numérique, d'orienter les choix technologiques et d'assurer la qualité et la pérennité des plateformes. 

La perception d'une DSI réduite à une fonction de support, simple pourvoyeur de services techniques, est non seulement erronée, mais aussi dangereuse pour la santé du système d'information.

Si la DSI est considérée comme un poste de dépense nécessaire, mais sans valeur ajoutée directe, alors on néglige son apport potentiel en termes d'innovation, de fiabilité, de maîtrise du risque et de performance globale. 

Cela crée un environnement où les équipes informatiques sont vues comme des pompiers, intervenant seulement quand un problème se produit, plutôt que comme des architectes et des stratèges, anticipant les besoins et construisant un socle solide. 

Cette réduction de la DSI à une simple fonction de support encourage, de manière indirecte, les approches hâtives, car on attend principalement d'elle qu'elle réponde aux demandes du moment, sans bénéficier de la légitimité et du temps nécessaires pour concevoir des architectures d'entreprise robustes.

Il est essentiel de redéfinir la place et le rôle de la DSI. 

Celle-ci doit être intégrée à la réflexion stratégique, participer aux comités de direction, contribuer à la définition des objectifs métiers, et s'assurer que les systèmes d'information soutiennent les ambitions de l'organisation. 

Cette nouvelle posture permet de donner la priorité à la qualité des solutions, de valoriser la planification, l'architecture et la maintenance, et de réduire le recours systématique aux solutions improvisées.

 

Vers une démarche plus réfléchie et maîtrisée

Pour sortir du cercle vicieux de l'instabilité des systèmes, la première étape consiste à prendre conscience des défauts de l'approche actuelle. 

Reconnaître que la mise en œuvre précipitée de systèmes, la gestion chaotique des correctifs, la culture du vite fait et la vision limitée de la DSI ont des conséquences néfastes est un point de départ essentiel.

Il convient ensuite de mettre en place des processus méthodologiques solides, inspirés des bonnes pratiques de l'architecture d'entreprise, du génie logiciel et du management de projet.

Ceci implique de dédier du temps à la conception et à la documentation des architectures. 

Il faut établir des standards, des patterns techniques et organisationnels, ainsi que des lignes directrices claires pour le développement, la maintenance, la sécurité et la performance. 

Cela nécessite aussi de revoir les indicateurs de performance, en donnant plus d'importance à la qualité des solutions, la simplicité d'évolution, la réduction de la dette technique, et la satisfaction des utilisateurs sur le long terme.

 

La formation et la montée en compétence des équipes informatiques sont des éléments centraux de cette transformation. 

En améliorant la maîtrise des méthodes, des outils et des technologies, on réduit les risques d'erreurs et on augmente la capacité à construire des solutions robustes. de même, la mise en place d'une gouvernance adaptée, où la DSI est reconnue comme un acteur clé, permet de casser la logique du vite fait. 

La direction doit soutenir cette démarche, investir dans la qualité, valoriser le travail de fond, et récompenser les pratiques durables plutôt que les exploitations ponctuelles de "coups de génie" improvisés.

En outre, une meilleure gestion des correctifs nécessite l'adoption de méthodologies structurées : le recours aux tests unitaires et d'intégration, la mise en place d'environnements de pré-production fiables, l'automatisation des déploiements, et le suivi rigoureux des changements. 

Ces approches limitent les effets domino, réduisent les risques d'introduire de nouvelles anomalies en résolvant d'anciens problèmes, et favorisent une amélioration continue du système d'information.

L'organisation doit admettre que la technologie n'est pas un simple support logistique. 

L'informatique est un levier stratégique qui, bien maîtrisé, peut apporter un avantage concurrentiel, soutenir l'innovation et accompagner la croissance de l'entreprise. en donnant à la DSI le statut qu'elle mérite, on lui permet d'être force de proposition, de s'engager dans la planification à long terme, et d'assurer la cohérence et la stabilité des systèmes. 

Cette démarche ne se fait pas du jour au lendemain, mais en mettant en œuvre des changements progressifs, on peut graduellement sortir de la logique du patchwork et bâtir des infrastructures plus solides, évolutives et résilientes.

 

L'instabilité des systèmes d'information n'est pas une fatalité. 

Elle est souvent le résultat de choix hâtifs, de méthodes non maîtrisées, d'une culture du vite fait et d'une sous-évaluation du rôle stratégique de la DSI. 

Pour y remédier, il faut repenser l'ensemble de la chaîne de valeur, depuis la conception initiale des architectures jusqu'à la gestion des correctifs, en passant par l'organisation interne, la culture managériale et la perception même de la DSI.

Yann-Eric DEVARS   Architecte d'Entreprise et Urbaniste  Créateur du framework DYNAMAP

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